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Pourquoi le polar camerounais est-il quasi inexistant ?
Pourquoi le polar camerounais est-il quasi inexistant ?
Le roman policier, ou polar, est un genre littéraire qui connaît un grand succès à travers le monde. Pourtant, au Cameroun, il demeure largement sous-représenté, voire inexistant. Alors que le polar africain se développe dans certains pays comme l'Afrique du Sud, l'Algérie ou la Côte d'Ivoire, pourquoi le Cameroun peine-t-il à voir émerger des auteurs spécialisés dans ce domaine ? Cet article explore les raisons derrière cette absence et les perspectives d’avenir pour le polar camerounais.
1. Une tradition littéraire tournée vers d’autres genres
La littérature camerounaise s’est historiquement construite autour de genres comme le roman social, le récit historique, la satire politique ou encore la littérature de mœurs. Des auteurs emblématiques comme Mongo Beti, Ferdinand Oyono ou Calixthe Beyala ont privilégié des thématiques politiques et sociétales. Le polar, avec son ancrage dans l’enquête et le crime, peine ainsi à trouver sa place dans un paysage littéraire dominé par d’autres formes d’expression.
2. Un marché éditorial peu favorable au polar
L’édition camerounaise rencontre plusieurs difficultés structurelles :
- Faible nombre de maisons d’édition spécialisées dans la fiction grand public.
- Difficulté d’accès aux circuits de distribution internationaux.
- Préférence des éditeurs pour des genres plus « classiques » et vendeurs.
Le polar étant perçu comme un genre de niche, peu d’éditeurs locaux prennent le risque d’investir dans ce type de romans, préférant miser sur des œuvres à forte portée sociopolitique.
3. Un manque de modèles et d’influence locale
Contrairement aux pays anglophones comme l'Afrique du Sud où le polar s’est fortement développé avec des auteurs comme Deon Meyer, le Cameroun ne dispose pas encore d’une figure de proue du roman policier. Peu d’auteurs se sont essayés au genre, et ceux qui le font restent souvent méconnus du grand public.
Par ailleurs, la culture populaire camerounaise a longtemps été influencée par des formes narratives comme le conte, le théâtre et plus récemment, la littérature de mœurs et les récits inspirés de faits divers. L’absence de polar dans les médias locaux (séries TV, films) limite également son ancrage dans l’imaginaire collectif.
4. Une réalité sociopolitique complexe
Le roman policier repose souvent sur des enquêtes menées par des forces de l’ordre crédibles et une justice fonctionnelle. Or, au Cameroun, la perception des institutions judiciaires et policières est souvent teintée de scepticisme. La corruption et l’impunité rendent difficile la construction d’histoires où les enquêteurs sont des héros efficaces et admirables.
De plus, les réalités du crime et du banditisme au Cameroun sont souvent plus brutales et complexes que dans un schéma classique de polar, ce qui peut compliquer leur adaptation en fiction.
5. Quelques tentatives, mais un succès limité
Malgré ces freins, quelques auteurs camerounais ont tenté d’explorer le genre. On peut citer Max Lobé, qui intègre des éléments d’enquête dans certains de ses romans, ou Jean-Claude Awono, dont les écrits flirtent avec le polar. Cependant, aucun roman policier camerounais n’a encore réussi à s’imposer comme une référence du genre.
6. Perspectives d’avenir : un genre à explorer
Malgré son absence actuelle, le polar camerounais pourrait se développer à l’avenir grâce à plusieurs facteurs :
- L’essor du numérique, qui permet aux auteurs autoédités de contourner les blocages du marché traditionnel.
- L’intérêt croissant des jeunes écrivains pour des genres plus diversifiés.
- L’influence des séries policières internationales qui suscite un engouement pour les récits d’enquête.
Des initiatives éditoriales encourageant les nouveaux talents dans ce domaine pourraient être un levier clé pour l’émergence d’un polar camerounais authentique, ancré dans les réalités locales mais respectant les codes du genre.
Conclusion : Un vide à combler ?
Si le polar est encore un territoire inexploré au Cameroun, les ingrédients pour son essor existent bel et bien. Il reste à voir si de nouveaux auteurs oseront relever le défi et offrir aux lecteurs un polar aux couleurs locales, mêlant intrigue captivante et regard critique sur la société camerounaise. Le polar camerounais n’attend sans doute qu’une plume audacieuse pour naître et s’imposer sur la scène littéraire africaine.