20 conseils d'écriture (et un bonus) inspirés d'auteurs anglo-saxons, et comment les appliquer pour booster sa productivité et sa qualité (deuxième partie)
Comme promis, voici la seconde partie de 20 conseils d'auteurs :
11. Imaginez que vous deviez mourir. Si vous aviez une maladie en phase terminale, finiriez-vous ce bouquin ? Pourquoi pas ? Ce qui contrarie ces dix semaines à vivre en soi est ce qui est incorrect dans le bouquin. Changez-le. Cessez d’argumenter avec vous-même. Changez-le. Vous voyez ? Facile. Et personne n’a eu à mourir. – Anne Enright
Mon commentaire personnel : La procrastination est un des vices préférés de l'auteur en herbe, et parfois même des professionnels (si tu doutes de cela, vas faire une recherche sur George R. R. Martin et la suite de Game of Thrones). La solution est simple, pourtant : en se mettant un plus de pression ou en te posant de temps à autre et en te mettant à la place de tes lecteurs, ou de ton lecteur idéal, tu as de fortes chances de trouver au moins une bonne raison de boucler cette révision de manuscrit que tu ne fait que reporter depuis la Saint Glin-Glin. Quant à la question sur la pression, j'ai bien dit "un peu plus". Aucune pression = pas d'écriture. Trop de pression = pas d'écriture. De la maths littéraire élémentaire, quoi.
12. Si l’écriture semble difficile, c’est parce qu’elle est difficile. C’est une des choses les plus difficiles que font les gens. – William Zinser
Mon commentaire personnel : Beaucoup abordent cet acte à la légère. Si tu en doutes, tu n'as qu'à visiter les dernières pages de ta plateforme de lecture en ligne actuelle (il y en a maintenant une flopée : Wattpad, Muswada, etc.) Parfois même certaines têtes d'affiches font partie de ces touristes de la plume qui s'en viennent juste pour la notoriété et/ou le pognon. En soi, vue la façon que tourne le monde ces dernières décennies, on ne peut pas les blâmer. Mais c'est aussi ce genre d'artistes qui favorisent une sorte de dénigrement de la littérature en général. Écrire, bien écrire, c'est difficile. Vraiment. Ce n'est pas juste avoir une trame en tête et la dérouler sans aucun vrai accroc à son lecteur, ou chercher juste à innover pour innover. Ce n'est pas publier ses textes en y laissant une quantité de coquilles et de phrases bancales propres à rivaliser avec la population de krill en antarctique. C'est pas pour tout le monde, sinon le monde ne tournerait pas. Être écrivain, c'est porter la charge de devenir la mémoire d'une époque à travers les histoires ou les textes que l'on aura écrits. Si tu ne vois pas les choses sous cet angle, tu peux toujours continuer à écrire. Mais de grâce : range tes textes dans ton tiroir. Ou la mémoire de ton smartphone. Ou celle de ton ordi. Sans les publier, pitié. Et si tu t'apprêtes à me tirer à balles réelles sur la qualité de mes écrits, je tiens d'avance à te répondre en disant que c'est conscient de mes tares que je cherche à m'améliorer à chaque nouveau texte que je publie. Encore et encore. Parfois, c'est tout ce qu'on te demande. Essayer vraiment de devenir meilleur. Vu que t'es sur ce blog, c'est déjà un bon début. ^^
13. Il y’a une lesson en écriture créative. Première règle : N’utilisez pas les point-virgule. Ce sont des hermaphrodites travestis qui ne représentent absolument rien du tout. Tout ce qu’ils font est de montrer que vous avez été au collège. – Kurt Vonnegut
Mon commentaire personnel : Big lool. En bref, pour beaucou d'auteurs, il y a des signes de ponctuation à éviter d'utiliser à outrance dans ses écrits de fiction. Le point virgule et le point d'exclamation en font partie. Evite de les utiliser autant que faire se peut. Le point-virgule est un vrai alien dont le lecteur ne saisit très souvent pas son utilité dans tes phrases, quand tu t'en sers mal. Et le point d'exclamation exprime souvent une émotion forte chez le personnage. Utilisé à outrance ça devient un peu gag. Donc, à moins que ce soit voulu (d'écrire un texte gag), mieux vaut éviter. Il y a d'autres façons de transmettre les émotions dans ses textes. Dans de prochains textes, je développerai cet aspect de la narration.
14. La prose c’est l’architecture, pas la décoration intérieure. – Ernest Hemingway
Mon commentaire personnel : Autrement dit, la forme est ce qui embellit les oreilles ou les pensées du lecteur. Il ne faut pas la confondre au fond. Raconter dans une prose ampoulée ton dernier séjour au toilettes (alors que ce n'était ni de la diarrhée, ni une constipation de 10 jours), c'est un peu comme… enrober de la crotte dans un emballage doré. Un lecteur aguerri flairera cela. Un critique quant à lui t'abattra avant même ton décollage vers le firmament littéraire. Bien sûr, dans cette règle il y a des auteurs d'exception qui ont traversé les mémoires avec leur prose superbe, sans pour autant que quiconque se souvienne facilement de l'histoire qu'ils racontaient. Mais ils restent ça : des exceptions. Alors avant de tester son potentiel de gain au loto littéraire avec ta prose digne d'un Arthur Rimbaud, souviens toi que dans le monde des textes de fiction, la forme sert plus souvent le fond que l'inverse.
15. Ecrivez saoul, corrigez sobre. – Ernest Hemingway
Mon commentaire personnel : à ne pas forcément prendre au pied de la lettre. Même dans le cas de ce prix Nobel (rien que ça), je doute vraiment fort qu'il ait pondu tous ses textes en état d'ébriété. Dis autrement, il faut écrire ses premiers jets sans se soucier de grand chose, excepté cette envie brûlante d'écrire le mot "FIN" sur la feuille (ou l'écran) blanc. Au moment de te corriger par contre, il vaut mieux avoir éveillé tout l'esprit critique que tu déverses souvent sur les Blockbuster cinés ou littéraires des autres pour voir le max de failles de ta propre histoire, et ainsi le rendre meilleur.
16. Finissez un brouillon aussi vite que possible. Difficile de connaitre la forme de la chose jusqu’à ce que vous ayez un jet. Littéralement, quand j’ai écrit la dernière page du premier jet de Lincoln’s Melancholy j’ai pensé : Oh, merde, maintenant je connais sa forme. Mais j’ai perdu beaucoup d’années, de vrai années, à écrire et réécrire du premier tiers à la première moitié. La vieille règle de l’écrivain s’applique ici : Ayez le courage d’écrire mal. – Joshua Wolf Shenk
Mon commentaire personnel : Que dire de plus ? Si comme moi tu es plutôt intéressé par le fameux Lincoln’s Melancholy et que t'es un peu anglophone et/ou anglophile et/ou que tu veux encore améliorer ton niveau d'anglais (tout en lisant une formidable histoire), tu sais quoi faire.
17. Chaque fois que vous avez envie d’écrire « très », remplacez-le par « zut » ; votre éditeur le supprimera et l’écriture sera juste ce qu’elle devait être. – Mark Twain
Mon commentaire personnel : La fameuse règle des adverbes à bannir. Si tu doutes encore de son efficacité, essaie juste de le faire sur un de tes textes actuels. Ou, mieux : lis un bon bouquin d'un auteur pro, genre Elmore Leonard (quasiment tous ses romans sont des masterclass de style dépouillé de fioritures). Tu seras surpris de ce que tu découvriras à la fin de ton expérience.
18. Commencez par raconter les histoires que seulement vous pouvez raconter, parce qu’il y’aura toujours de meilleurs écrivains que vous et il y’aura toujours de plus chics écrivains que vous. Il y’aura toujours des gens qui seront meilleur que vous à faire ça ou ça – mais vous êtes le seul vous. – Neil Gaiman
Mon commentaire personnel : Pas grand chose à rajouter. Le grand Neil Gaiman a déjà dit l'essentiel. Tu ne seras jamais le meilleur écrivain de tous les temps. Si même par hasard tu le serais un jour, le lendemain naîtrait un écrivain encore meilleur que toi parmi ta légion de fans. Ou pire : un écrivain encore meilleur que toi, qui ne t'aurait même jamais lu ni connu, sortirait de nulle part pour te faire descendre de ton escabeau doré. Contente toi juste de raconter tes histoire à toi. Le reste n'est pas vraiment à portée de ton contrôle total.
19. La cohérence est le dernier refuge de celui qui manque d’imagination. – Oscar Wilde
Mon commentaire personnel : Quand tu déverses ton imagination sur la page blanche, tu as le droit de ne pas rechercher la cohérence en premier lieu. Tu t'en soucieras plus tard. Dans un premier temps, tu peux d'abord t'amuser à voir jusqu'où te mènera ton esprit foisonnant de milliard de milliards d'idées. Le moment de faire intervenir la cohérence viendra, quand il faudra présenter ton enfant au reste du monde. Si tu veux le présenter au reste du monde. ^^
20. Vous devez restez saoul quand vous écrivez afin que la réalité ne puisse pas vous détruire. – Ray Bradbury
Mon commentaire personnel : Les écrivains et la bibine, c'est une vieille histoire d'amour. Malheureusement, n'étant pas un disciple fervent de Bacchus, je ne peux que comparer l'état d'ébriété à l'état de flow. L'état de flow est cet état d'équilibre plus ou moins parfait entre vos compétences et la complexité de la tâche. J'aurai le temps de plus m'étendre dans cet état qu'on appelle en anglais la writing zone dans de prochains articles. Pour le moment, sache juste qu'écrire, c'est rêver. C'est voyager. C'est s'évader du réel, souvent. Et en plus, c'est gratuit. Profite.
Bonus : conseil 21 : Ne prenez aucun conseil d’écriture trop au sérieux. – Lev Grossman
Mon commentaire personnel : le détail se cache pour une fois dans l'adverbe. "Trop". Ne prends pas tous ces conseils trop au sérieux. Comme je l'ai dit dans la première partie de cet article, pour chaque conseil il y a l'exception qui confirme ou infirme la règle. Il y a autant de méthodes d'écriture qu'il y a d'écrivain. Alors, si tu sens que tu en as les tripes, n'hésite pas. Lance toi.
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