L'Empire d'encre et de mots

20 conseils d'écriture (et un bonus) inspirés d'auteurs anglo-saxons, et comment les appliquer pour booster sa motivation à écrire (première partie)

À quelques rares exceptions près (on ne sait jamais, au rythme où les choses vont et progressent vite, le prochain bestseller du 22ème siècle pourrait être un bébé) , on ne naît pas écrivain. On le devient. Vu qu'il y a donc un avant, même les plus grands écrivains que tu connais ou dont tu as entendu parler (et dont tu parles à tes potes écrivains juste pour leur rappeler leur incompétence actuelle) ont échoué. Encore. Et encore. Vladimir Nabokov a reçu une sévère lettre de refus de Knopfupon, à qui il avait envoyé Lolita (un chef d'œuvre de la littérature). Plus tard, Lolita se vendrait à 50 millions d'exemplaires. La première lettre de refus de Sylvia Plath pour The bell jar dit "Il n'y a pas là suffisamment de véritable talent pour que nous retenions ce texte." Sylvia deviendra plus tard l'une des plus grandes poétesses américaines de son temps, voire de l'histoire. Marcel Proust a gagné d'un éditeur, après lui avoir envoyé le manuscrit de Du côté de chez Swann, une lettre tentaculaire. Dans cette lettre, l'éditeur lui détaillait les raisons pour lesquelles il devait abandonner l'écriture pour de bon.
Tous ces exemples ont pour but de te rassurer. Même si tu es un écrivain fantastique qui gravera les mémoires des décennies après ta mort, tu as de grandes chances de recevoir une quantité astronomique de critiques, rejets, et peut-être même de railleries, avant d'y arriver.
Si tu as des anecdotes sur le parcours des échecs d'auteurs africains ou camerounais célèbres, je t'invite à nous partager cela en commentaire. Si toi aussi tu as des anecdotes sur ton propre parcours d'écrivain, je t'invite aussi à nous les partager. Tu pourrais être le prochain Pabe Mongo ou la prochaine Calixthe Beyala de mon continent camerounais. Le Chinua Achebe ou la Djaïli Ahmadou Amal du continent africain. Ou encore, soyons fous, la prochaine J. K. Rowling ou le prochain Stephen King du continent mondial (j'ai bien dit "soyons fous").
Sans plus tarder, passons aux conseils.


1. Le premier jet de n'importe quoi est de la merde ‒ Ernest Hemingway

Mon commentaire personnel : 9 fois sur 10, la première version de ce que tu écris devra être révisé et, malheureusement, réécrit. J'ai bien dit 9 fois sur 10. Chacun de nous (eh oui ; même toi) a ses moments "Charles Dickens" (la légende dit qu'il aurait écrit sa célèbre histoire Un conte de Noël d'un seul jet, et en une nuit). Mais n'oublie jamais de te relire avant de publier ton texte (ou de l'envoyer chez l'éditeur). Et ainsi de vérifier si tu n'es pas dans un jour "9 fois sur 10".


2. N'utilisez jamais de mots de jargon comme reconceptualiser, démassification, posément, jugément. ‒ David Olgilvy
Mon commentaire personnel : Bannis les mots pompeux de tes textes. Ou au moins, gardes-en juste le strict minimum. Sauf nécessité scénaristique. On ne fait pas parler un roi (Charles) comme un gueux. À moins que ledit roi ait été élevé par un gueux. Tu sais pas ce que signifie gueux ? Eh bien, tu viens de découvrir un mot pompeux. Et si tu sais pas ce que signifie pompeux, tu viens d'avoir deux exemples pour le prix d'un conseil. ^^

 

3. Si vous avez n’importe lequel de vos amis qui a envie de devenir écrivain, la seconde plus grande faveur que vous pouvez faire pour lui est de lui présenter un exemplaire de The elements of style. La première plus grande faveur, bien évidemment, est de vous moquer de lui maintenant, quand il est encore joyeux. – Dorothy Parker
Mon commentaire personnel : En bref, la première faveur qu'on te demande, cher lecteur (si tu n'es pas aussi écrivain, et si tu as plutôt un ami écrivain, ou qui ambitionne de le devenir), est celle de lui offrir un livre complet de grammaire et de vocabulaire. En cette ère des réseaux sociaux et de la baisse de qualité du langage écrit, ce cadeau est plus que bienvenu. Je connais une poignée d'amis écrivains qui en auraient besoin (mais je citerai aucun nom ; pas ici). La seconde faveur serait de lui dire un truc dans ce genre : "Hé, vieux/vieille, tu sais que je te lirai que quand tu seras une superstar internationale, c'est-à-dire probablement jamais ? Sérieux, tu arrives même pas à bien plagier Harry Potter, et tu comptes vendre plus que J. K. Rowling ?"

 

4. Voyez un peu combien d’athlètes olympiques remercièrent avec effusion leurs mères pour leurs médailles ? «  Elle me conduisait à mes entrainements à quatre heures du matin, » etc. Ecrire n’est pas faire du skate de rue ou skier. Votre mère ne va pas faire de vous un écrivain. Mon conseil pour tous les jeunes qui veulent devenir écrivains est : quittez la maison. – Paul Theroux
Mon commentaire personnel : N'attends pas de compliments venant de ta mère, de ton père, de tes frères et sœurs ou encore de tes proches amis dès le début de ta carrière littéraire. Ça peut arriver, mais n'y compte pas trop. Il est plus probable qu'on te regarde même comme une sorte d'alien. Pas en face, mais dès que tu auras le dos tourné. Si ta caméra caché n'a pas vu ce regard de pitié mêlé d'épouvante dans ton dos, c'est qu'il doit être mental. Bon, j'avoue, j'exagère un peu. Mais ne leur mets pas trop la pression (à toi non plus) pour qu'on apprécie tes premiers textes. Devenir écrivain, et être fier de ses écrits, ça prend du temps pour la plupart d'entre nous. Ça m'a pris près de sept ans avant de relire quelque chose que j'avais écrit et de me dire : "eh bien là, vieux, si t'es pas au moins écrivain du bout de tes doigts, c'est que personne ne l'est". Ce texte a fini par devenir, quelques années plus tard, le texte qui m'a fait découvrir le monde de l'édition professionnelle.

 

5. Je conseillerai quiconque aspire à une carrière d’écrivain qu'avant de développer son talent, il doit être assez sage pour développer une peau dure. – Harper Lee
Mon commentaire personnel : Même les meilleurs auteurs ont reçu des rejets ou des critiques venant d'autres professionnels du monde de la littérature. Que ce soit à leur début ou même pendant leurs carrières. Si tu n'es pas capable d'encaisser ces remarques pertinentes sur ton style d'écriture, la qualité de tes intrigues ou le manque de vraisemblance de tes personnages, c'est que tu n'es pas près de t'améliorer. Et un écrivain qui ne s'améliore pas à chaque nouveau texte n'est pas un écrivain, selon moi. Tous les meilleurs artistes courent après une sorte d'horizon qu'eux seuls voient, et l'essentiel de leur vie consiste à essayer avec plus ou moins de foi de l'atteindre. Si tu n'as pas ton horizon artistique, cherches-t-en un. Si tu l'as atteint, cherche-t-en un nouveau.

 

6. Vous ne devez pas attendre l’inspiration. Vous devez allez à sa rencontre avec un club. – Jack London
Mon commentaire personnel : L'inspiration est capricieuse. Il y a des jours où elle semble recouvrir toutes nos expériences, tout notre environnement pendant des heures, et on se sent comme l'artiste le plus veinard de la planète. Il y en a d'autres où même notre son préféré qu'on se passe souvent en boucle en cas de panne d'inspi ne nous procure qu'agacement et ennui, sans qu'on puisse rien écrire. Sans qu'on n'ait même envie d'écrire. Alors on se dit qu'on le fera demain. Et demain devient après demain. Et un an après on se dit que cette nouvelle année a commencé sous les meilleurs auspices, et que l'inspiration sera au rendez-vous plus longtemps. Mais l'inspiration ne doit pas être sujette à notre degré de motivation extrinsèque à travailler. Elle doit être soumise à une habitude quotidienne et formidable à nous asseoir chaque jour, pendant un nombre régulier de minutes (ou d'heures) devant notre écran ou notre feuille de papier. Et à écrire. Ou à le fixer, en se demandant quoi écrire. Sans aucune distraction (Mode Avion ou Mode "Ne Pas Déranger" de rigueur sur les smartphones). Une fois que ta fée d'inspiration sera habituée à te voir t'asseoir et l'attendre comme ça. Chaque jour. Alors, crois-moi, elle se pointera. Plus souvent que d'habitude. Et la poudre d'inspiration qui la recouvre saupoudrera tes textes de cette magie qui fait les bons textes d'autres auteurs qui t'ont motivé à faire comme eux, puis à créer ta propre voie.

 

7. Ecrire un livre est une lutte horrible et épuisante, comme un long combat avec une maladie douloureuse. Personne ne devrait jamais entreprendre une chose pareille s’il n'est dirigé par un démon qu’il ne peut ni résister ni comprendre. – George Orwell
Mon commentaire personnel : Si tu as bien lu George (on peut bien l'appeller George, c'est notre confrère ; décédé, mais confrère quand même), tu comprendras qu'écrire un livre ce n'est pas une promenade de santé. Perso, je suis de son avis. Et j'avoue, j'aime plus me balader que me bagarrer (n'est pas Francis Nganou qui veut). Mais j'ai aussi un tas d'histoires qui seraient très mal racontées si je choisissais l'option de les narrer sous forme de nouvelles interconnectées. Et puis, un livre, un roman, ça vend statistiquement beaucoup plus qu'une nouvelle. Ce que je peux te conseiller, si tu as débuté par l'écriture d'un roman sans jamais être parvenu à le terminer, c'est de commencer par exercer ton sens de la mise en place du mot "Fin" à tes histoires. Comment ? En écrivant de courtes histoires. Au moins là bas, peu de chances que tu ne les termines pas.

 

8. Il y’a trois règles d’écriture de roman. Malheureusement, personne ne sait lesquelles. – W. Sommerset Maugham
Mon commentaire personnel : Fais des plans. Vas à l'instinct. Développe ton intrigue. Fais confiance en tes personnages. Le style est la clé, donc soigne le tien. C'est le fond qui importe le plus, donc soigne le tien. Tant de règles, certaines en apparence contradictoire. Dans de prochains articles, j'en parlerai plus en détail. Ce que je peux déjà t'assurer ici, c'est qu'il n'y a aucune règle universelle d'écriture qui t'assurera le succès, la gloire ou même d'entrer dans le cercle fermé des plus belles plumes de la littérature. Il y a autant de règles d'écriture qu'il y a d'écrivains. Le principe est de trouver les sillons communs aux plus talentueux et/ou aux plus professionnels, et de jeter les ponts qui permettront aux jeunes pousses de demain de s'engager sur ces voies sans risque de (trop de) chutes.

 

9. Si vous n’avez pas le temps de lire, vous n’avez pas le temps – ou les compétences – pour écrire. – Stephen King
Mon commentaire personnel : quand c'est l'un des écrivains les plus talentueux et prolifiques de son époque (voire de tous les temps, selon moi) qui donne un conseil pareil, tu as intérêt à en tenir compte. C'est en lisant qu'on apprend à écrire, à la base. Dire qu'on n'a pas quelques minutes dans ses journées pour lire n'importe quoi, tandis qu'on cherche à rallier plus de lecteurs, c'est le comble du paradoxe interdit. Se dire qu'on est le meilleur auteur de son quartier, de sa ville ou de son continent, sans lire les autres auteurs de sa zone géographique, c'est dangereux pour son ego d'artiste. Parce que le jour de la confrontation avec ces inconnus qu'on croit surpasser pourrait sonner le glas de notre carrière. Alors, si tu veux devenir un meilleur auteur, deviens un meilleur lecteur. Au moins, si tu n'arrives jamais à devenir un grand auteur, tu auras gagné forcément beaucoup de temps de détente et/ou d'apprentissage, qui te sera forcément utile dans d'autres secteurs de ta vie.

 

10. N’oubliez pas : quand les gens vous signalent que quelque chose est mauvais ou cloche à leurs yeux, ils ont presque tout le temps raison. Quand ils vous disent exactement ce qui ne va pas et comment il faut le coriger, ils ont presque tout le temps tort. – Neil Gaiman
Mon commentaire personnel : Une œuvre d'art n'est pas une équation mathématique à une inconnue en base N (sans vouloir ramener ma science). Donc, les lecteurs ou critiques (ou lecteurs/critiques/auteurs) qui vous disent tout ce qui ne va pas dans votre histoire et vous disent ce qu'il faut corriger (et surtout comment le corriger)… eh bien, ils se trompent. Un bon lecteur, en lisant une histoire, peut sentir que quelque chose ne va pas. Il peut même identifier ce qui ne va pas. Mais personne d'autre que toi ne peut corriger au mieux ce qui cloche. La personne qui te dit pouvoir le faire. Ou te montrer comment corriger ces cloches endommagées, de sorte qu'elles sortent la mélodie littéraire parfaite. Cette personne te ment. À toi de chercher le pourquoi (argent, ego, voire les deux, etc.).

Dans la deuxième partie, j'aborderai dix autres conseils de grands d'auteurs, et je te réserve un conseil bonus à la fin.


Cet article t'a plu ? Tu as un avis à donner dessus, des critiques ? Je t'attend en commentaire. À tout de suite, j'espère !



20/05/2023
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