Bonne année - Chapitre 4
Bonne année - Chapitre 4
Ce furent les ricanements hystériques de Khari qui réveillèrent Diwassa, qui redressa son torse après avoir ramassé sa machette, pour fixer l'est du camp, où l'ombre d'un Khari en course était moins distincte que ses cris de dément. Moins de cinq battements de cœur après ses cris, le reste du campement était debout et armé de leurs machettes, la faible lumière des étoiles leur permettant de voir à plus de cinquante pas à la ronde, sauf du côté ouest, où une butte de terre surplombait leur camp improvisé.
— Le pauvre fou, grogna Mongo en faisant des moulinets avec sa machette. On avait dit : plein nord.
— Où est Dulani ? demanda Engolo.
Kumane, qui avait pris la direction du sud, vers les deux arbres que Diwassa et Engolo avaient pris comme poste de veille plus tôt, se mit à agiter son bras libre avec frénésie, invitant le reste du camp à le rejoindre. Alors que les autres le rejoignaient déjà, les traits de Kumane se figèrent alors qu'il fixait un point plus loin au sud, avant de s'acroupir moins d'un battement de cœur plus tard. La fumée du filon de banga qu'il tirait dessina une arabesque grise, et le sifflement d'une sagaie la dispersa. La sagaie se planta en vibrant au pied d'un arbre de l'autre côté du camp. La chasseuse devait avoir visé depuis la branche d'un des safoutiers dans le bosquet devant.
— Filez, les gars ! Cria Mongo. Kumane, donne moi ce filon, j'en aurai besoin !
Alors que Kumane était déjà en train de s'enfuir, Diwassa l'attrapa par l'épaule et lui arracha le filon de banga qu'il avait dans la bouche. Engolo était déjà en train de s'enfuir plein nord. Alors que Mongo se rapprochait de Diwassa pour lui prendre le filon de Kumane, Diwassa remarqua alors qu'une forme sombre était debout derrière l'arbre vers lequel Kumane les invitait un instant plus tôt à rejoindre. La main droite de la silhouette était absente. Dulani.
— Il est déjà mort, lui dit Mongo après avoir pris le filon de Kumane. Allez, file, gamin. Je vous rejoins dans un instant.
Un cri aigu plein de trilles se mit à résonner dans la forêt en provenance du sud. Diwassa sentit ses membres trembler de terreur pure malgré lui. Un second cri similaire se mêla au premier, et Diwassa tendit la tête en direction de la cime des arbres devant lui. Deux amazones. Deux don'ga.
— Allez, file, je te dis ! Lui ordonna Mongo en lui saisissant l'épaule de sa main qui tenait déjà deux filons.
Il prit le filon que lui tendait Diwassa ‒ celui, allumé, de Kumane ‒. Il donna deux filons non allumés à Diwassa, qui les accepta sans rechigner, malgré sa surprise.
— Elles ne doivent pas t'avoir à portée de leur sort, ajouta Mongo. La survie du reste du groupe dépend maintenant de toi, puisque Dulani est mort. Restez en vie, surtout. Je vais les ralentir.
— Ne meurs pas, Le Fantastique.
— J'ai toujours rêvé de me taper au moins deux amazones, avant de crever.
Diwassa était déjà à une centaine de mètres de Mongo quand il freina sa course pour lui lancer un dernier coup d'œil. Le vétéran venait de finir d'allumer ses deux autres filons de banga, qu'il planta dans sa bouche avant de tirer dessus fort. Diwassa n'avait encore jamais vu de don'man, mais avec cette image du sexagénaire, debout, deux machettes en main ‒ la sienne et celle de Dulani ‒, torse nu et crâne rasé, la fumée de banga flottant autour de lui, alors que les cris de ses deux attaquantes réveillaient la forêt avant l'aube, donna à Diwassa l'impression que Mongo ne devait pas dépareiller devant l'un de ces légendaires guerriers. Ces guerriers qui étaient absents du royaume d'Alaba.
Non, Alaba n'avait que des don'ga.
Fin du chapitre 4
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