Bonne année - Chapitre 7
Bonne année - Chapitre 7
Ce furent une paire de claques violentes ‒ paume et revers ‒ qui ramenèrent Diwassa du royaume de Zanate, le maître des Rêves. Sauf que cette fois, le dieu avait volé à Diwassa le souvenir du rêve qu'il lui avait donné. Diwassa sursauta et chercha sa machette autour de lui, sans la voir.
— Elle est plantée au centre d'une clairière à deux cents pas d'ici, Marchepied, lui dit une voix tendre avec un arrière-goût de venin.
Quand Diwassa identifia sa propriétaire, il crut qu'il était dans un de ces rêves où on croyait s'être réveillé, alors que ce n'était que le début d'un autre rêve. Ou d'un cauchemar, plutôt. Car la propriétaire de cette voix n'était autre que la plus belle amazone qui coursait Ngossi, dans son dernier cauchemar. Ses cicatrices, qui marquaient même son visage, au lieu d'atténuer sa beauté, avaient plutôt un effet inverse sur elle, aux yeux de Diwassa. Sans doute parce qu'elles alliaient bien l'austérité guerrière au charme féminin naturel de cette amazone.
— Kissa Kizangani, siffla Diwassa après avoir craché aux pieds de son adversaire.
Pour toute réponse, Kissa eut un large sourire, juste avant de tendre brusquement son visage vers Diwassa et de pousser leur fameux cri, audible à des kilomètres à la ronde :
— ARRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRIIIIAAH !
Diwassa s'était bouché les oreilles dès le début du cri, mais il n'en manqua pas moins de perdre au moins un tympan après avoir reçu cette trille à moins d'un mètre.
— Dire que c'est comme ça que tu me remercies d'avoir attendu que tu récupères du contrecoup de la sorcellerie qui a failli te permettre de m'échapper, dit-elle avec un sourire quand il retira ses mains de ses oreilles. Ça me donnerait presque envie…
Sans que l'œil de Diwassa ne puisse le voir, elle dégaina une des deux courtes lances qui dépassaient de la sangle à son dos, et la pointe de la lance fit exploser le haut de la pierre où Diwassa s'était adossé pour dormir. Un pouce plus près, et c'était la tête de Diwassa qui subissait le même sort.
— … De te tuer sur le champ, acheva-t-elle en baissant la lance. Allez. Debout. Il y a un pantalon et une tunique neufs derrière ton lit. Tu t'es souillé pendant ton sommeil. Ou ta fuite. Peu importe. Change-toi, puis tu me suivras pour notre règlement de compte. Je ne tue pas les merdeux.
C'est quand elle évoqua sa situation que Diwassa perçut l'odeur de sa souillure. À manger des mangues pourries, voilà les conséquences, pensa-t-il, sans pour autant éprouver de la honte face à son bourreau.
Et celle qu'il aurait aimé tuer avant de partir en prison. Sa septième et dernière victime, la cheffe du gang qui s'était servi de Ngossi comme arme sexuelle pendant plus de huit ans.
Fin du chapitre 7
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 5 autres membres